Souvent, il nous arrive de découvrir un lieu ou une rue portant un patronyme qui nous est inconnu. Par ces articles qui seront régulièrement publiés, nous voudrions vous faire (re)découvrir certains héros de la Grande Guerre honorés par leurs contemporains. L’ouvrage de référence sur base duquel ses articles seront rédigés est « Pour les Petits d’un Grand Pays » (Ed Desclée 1921)

Caserne FONCK (Liège)

Antoine-Adolphe FONCK  
1893-1914


« Meurs premier comme devant »

Le 2 Août 1914, l’Allemagne adresse un ultimatum à la Belgique demandant le libre passage de ses troupes pour attaquer la France, selon les directives du Plan Schlieffen.

Les deux différences visibles sur cette carte entre le mémoire de Schlieffen rédigé en 1905 et les opérations dirigées par Moltke en 1914 concernent la 1re armée allemande : en 1905 elle doit passer par les Pays-Bas, en 1914 elle passe par Liège ; en 1905 elle est censée passer à l’ouest de Paris, en 1914 elle fonce à l’est de la capitale.(Ref; https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Schlieffen-Moltke)

La position fortifiée de Liège est commandée par le Général Leman qui souhaitait savoir où étaient et ce que faisaient les troupes allemandes. Depuis le 28 juillet, le Colonel Cumont, Chef de Corps du 2ème Lancier, a chargé ces hommes de cette mission. Les patrouilles débutent sur la frontière dès le 31 juillet.https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Schlieffen

Dans la nuit du 2 au 3 août, le Général Leman commande au 2ème Lancier de se porter en avant suite à certaines informations qui laisseraient penser que les troupes allemandes tenteraient de percer par le Limbourg Hollandais. Les Lanciers doivent partir à leur rencontre et les repousser.

Mais, le 3 août, toutes les patrouilles confirment qu’aucun ennemi n’a violé notre territoire.

Au petit matin du 4 août, il fait un temps magnifique, aucun coup de feu n’a encore été tiré; nos troupes sont sur le pied de guerre; chaque homme est à son poste; le 2ème Lancier a repris sa veille et un de ses escadrons a rejoint le plateau de Herve pour y effectuer des patrouilles dans toutes les directions, passant à travers vergers et villages. Les Lanciers s’enquièrent auprès des habitants, qui les accueillent chaleureusement, s’ils ont aperçu un quelconque soldat ennemi. Ces soldats sont accompagnés de leurs fidèles pigeons, moyen de transmission du renseignement de l’époque.

Une patrouille commandée par un Sous-officier expérimenté est envoyé vers Battice.

Parmi eux, Antoine-Adolphe Fonck, enrôlé en 1913 comme volontaire pour 3 ans, un anonyme qui va bientôt entrer dans l’Histoire. La patrouille apprend, selon les dires d’habitants, que des Allemands, probablement des hussards, auraient été aperçus près de Thimister. Il faut vérifier cette observation au plus vite. Les Lanciers avancent donc, en laissant une distance d’une centaine de mètres entre eux, vers la zone indiquée. Fonck, parti devant en éclaireur, disparaît à la vue de ses camarades après quelques minutes de progression. Grace aux témoignages reçus entre autre d’un fermier qui a eu contact avec lui et qui a suivi le drame par la lucarne de son grenier, il a été possible de reconstituer ce qui lui est arrivé : à la hauteur du pont de chemin de fer, Fonck rencontre le directeur du charbonnage de Battice accompagné d’un de ses mineurs et un pionnier qui prépare la destruction de l’ouvrage. Il doit insister pour pouvoir passer et continuer sa reconnaissance en direction d’Aix-la-Chapelle. Arrivé à la ferme Bolsée, le fermier lui signale avoir aperçu un groupe d’Allemands. Fonck avance pour se rendre compte, dressé sur ses étriers, la main en visière à la hauteur du casque scrutant les prairies devant lui. Soudain, il voit des Prussiens. Il met, sans hésiter, pied à terre; saisit son fusil qu’il porte sur le dos, vise et fait feu : un homme tombe et les autres se dispersent. Fonck réenfourche ensuite sa monture, afin de reprendre son mouvement.

C’est à ce moment que des cavaliers du 5e régiment de Uhlans se lancent à sa poursuite.

Uhlans – tenue de campagne 1914

Le cheval de Fonck est abattu sous lui. Après s’être dégagé de sa monture, Fonck prend la fuite en longeant le fossé de la route, tout en traversant la chaussé ensuite.

Supposant que le pont avoisinant a été détruit par le tandem d’artificiers du charbonnage de Battice, Fonck escalade l’accotement pour franchir la haie. C’est là, au lieu dit « La Croix Polinard », qu’il tombe mortellement touché à la nuque.

Monument Fonck (Thimister)

Il est dix heures du matin, le 4 août 1914.

Le premier soldat belge est tombé face à l’ennemi.

Il avait 21 ans.